Pesticides : le gouvernement abandonne le NODU en faveur de l’indicateur européen HRI1


C’était une des nombreuses revendications des agriculteurs, la voilà désormais actée. Ce mercredi le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé l’abandon de l’indicateur français de mesure des pesticides au profit du HRI1.

C’est définitif, la France va mettre fin à l’indicateur franco-français de mesures des pesticides. À seulement 3 jours du Salon de l’agriculture, le gouvernement semble vouloir calmer les dernières colères des agriculteurs. Une décision éminemment politique qui ne semble pas faire l’unanimité, notamment du côté des associations écologistes. Pour autant, quelques jours auparavant, le ministre de la transition écologique avait prévenu lors d’une réunion qu’il souhaitait à terme « une mise en pause » du NODU.

Un indicateur contesté

Selon le porte-parole du mouvement, Générations Futures, l’indicateur européen ne serait pas représentatif de la consommation des pesticides en France. « Quand on regarde l’évolution du NODU, […] et du HRI1 entre 2011 et 2019, le premier indique une baisse de 12 % de l’utilisation des pesticides et le second une baisse de 40 % » explique François Veillerette dans une interview chez Reporterre (lien vers l’article). Un constat en trompe l’œil en faveur du thermomètre européen, qui permettrait donc à la France de tenir ses objectifs de diminution des pesticides d’ici 2030.

Un retour en arrière ?

Outre les considérations techniques, ce changement risque-t-il d’avoir un impact sur la politique agricole à venir ? Pour cela, il faut d’abord comprendre son rôle et son fonctionnement. Le NODU ou nombre de doses unités, est un indicateur mis en place en 2008 à l’occasion du premier plan Ecophyto. Son but : établir une base de données relative à l’utilisation de produits phytosanitaires sur les cultures françaises.

Si l’on se réfère à cet indicateur, depuis 2009, l’utilisation de pesticides dans l’hexagone est passée d'un Nodu de 82 millions d'hectares en 2009 à un Nodu de 85,7 millions d'hectares en 2021, et une augmentation significative en 2018 avec plus de 120 millions d’hectares. Des chiffres qui ne semblent pas aller dans le sens de la politique de réduction des pesticides voulue par le gouvernement.

Un modèle écologique fracturé

À terme, cette décision risque de porter un coup supplémentaire à la biodiversité mais aussi à la santé humaine. La réduction des pollinisateurs ou encore la contamination des nappes phréatiques sont parmi les principaux effets observables. Dans le cas de l’eau potable, en France, en 2021, 20% de la population française avait accès à une eau polluée (Sources : Le Monde/ARS). En changeant d’indicateur, le gouvernement amorce un retour en arrière notamment vis-à-vis des alternatives proposées face aux pesticides actuels. Une décision qui semble un peu plus fracturer le monde agricole.

Gabriel ZIAR