Le Sahel : une région où la peur gagne  


La Région du Sahel est en déséquilibre depuis près de 12 ans, entraînant peur et violence pour une population abandonnée par tous. 

​ [The African Union Mission en Somalie]

La région du Sahel impliquant le Mali, le Burkina Faso et le Niger fait face, depuis plus de 12 ans, à une insécurité croissante. Ces trois pays font partie des 10 pays les plus touchés au monde par le terrorisme. Les groupes terroristes Al-Qaïda et GSIM (Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans) ont installé un climat de peur, de violence et d’inquiétude. 

Pour lutter contre cela, les chefs-états Assimi Goïta (Mali), Ibrahim Traoré (Burkina Faso) et Abdorahamane Tchiani (Niger) ont créé, le 16 septembre 2023, l’Alliance des États du Sahel (AES). Cette confédération est principalement militaire avec l’objectif d’avoir un système de défense commun.  

Un bilan jugé peu concluant 

Un an après la création de l’alliance, le bilan est très mitigé. Certes, les États membres ne manquent pas d’ambition pour la sécurité et l’économie de leur pays, mais l’insécurité, elle, n’a pas diminué. Selon l'ONG Acled, 60 % du territoire du Burkina Faso et 50 % de celui du Mali échappe à tout contrôle des armées. 

Le 17 septembre 2024, Bamako fait face à une double attaque en simultanée. Un an après le début de l’alliance, les djihadistes décident de frapper fort, tant moralement que physiquement, en réalisant l’un de leurs plus gros attentats.  L’école de gendarmerie de Faladié et l’aéroport de la ville sont pris pour cible. Cette double attaque a entraîné la mort d’au moins 70 personnes et fait plus de 200 blessés. Face à cela, Assimi Goïta, président des exercices de l’AES a déclaré à France 24 : « nous continuerons de lutter sans relâche contre toute forme de terrorisme, pour défendre l’intégralité de nos territoires et de notre souveraineté. »

Une population terrifiée, livrée à elle-même

« Un jour, des hommes sont arrivés dans notre village en moto, on a tout de suite compris que c’était des djihadistes. Ils ont tiré, nos maris ont tous été tués. Ils nous ont dit qu’ils reviendraient, on ne voulait pas vivre le même sort », explique une réfugiée à France Info. Ce témoignage, n’est que le reflet de ce que subissent les populations de la région du Sahel. 

Fin août 2024, plus de 67 000 burkinabé ont trouvé refuge dans les pays voisins afin d’échapper aux exactions des groupes terroristes. Plus de 5 millions de réfugiés sont demandeurs d’asile ou des personnes en attente de déplacement. La dégradation sécuritaire de la région expose la population à une violence inouïe. Au Mali 14% des habitants sont en contact direct avec le conflit.

[Camp de réfugiés]

Cette situation passe de plus en plus inaperçue dans le reste du monde. Cela peut s’expliquer par le sentiment de lassitude générale dû aux cycles de guerre. 

Selon le NRC, les individus se tournent vers une « désensibilisation inquiétante » et une « acceptation internationale ».

Le corps journalistique menacé 


La liberté de la presse est en grand danger. Les radios communautaires perdent peu à peu leurs libertés malgré leur importance essentielle depuis les années 1990. Elles sont à proximité des villages, les journalistes parlent la langue locale et ont des informations plus adaptées aux contextes villageois.       

Pour lutter contre cela, 500 radios locales ont lancé, le 24 septembre 2024, un appel à la protection des journalistes au Sahel. Selon Sadibou Marong, directeur du bureau subsaharienne de reporter sans frontière, « il est important que le Sahel ne devient pas ce trou noir de l’information. » 

Cette perspective semble difficile à obtenir. Les journalistes font face à la destruction de leur lieu de travail, à une prise de possession de l’antenne, à la violence et aux risques de disparition. Sadibou Marong a déclaré à RFI qu’en 2023 « au moins deux journalistes de la Radio Coton Ansongo ont été enlevée par des groupes armées dans une attaque à Gao ». 

L’information est impactée, elle est contrôlée par les groupes armés. Des changements de programmes s’effectuent régulièrement et une politique de propagande se met également en place à travers la presse.

La région du Sahel reste l’une des régions les plus instables du monde. L’alliance des États du Sahel continuent de chercher des solutions quitte à se tourner vers une ouverture diplomatique, notamment avec la Russie.



Gwenaëlle METZ