Le Cabaret vert : un festival plus éco-responsable ?
25 000 festivaliers par jour en moyenne. Malgré l’ampleur du festival, 5000 personnes dont 2500 bénévoles se sont mobilisés du 15 au 18 août pour rendre ce cabaret vraiment vert. Défi réussi ?

De Laura Villa, logo Cabaret Vert, Charleville-Mézières, le 18 août 2024
Fini les couverts en plastique et le Coca-Cola. Ici, c’est vaisselle consignée et produits locaux. En moyenne, un participant du Cabaret Vert dépense 26 kg de CO₂, contre 50 kg dans les autres festivals français (The Shift project). Car depuis 2005, le Cabaret Vert se bat pour donner l’exemple aux festivals et rendre ces événements hors-normes plus éco-responsables.
Mettre Charleville-Mézières sur la carte
L’accessibilité est un enjeu pour la petite ville ardennaise. Des trajets de bus et de trains sont mis en place pour permettre à tout festivalier de participer en privilégiant un trajet bas carbone. Pour avantager ces passagers, l’événement a déplacé son entrée plus près de la gare cette année. Mais pas de panique, il y a aussi des solutions sobres pour les festivaliers des alentours. Le trajet vers le festival est facilement accessible à vélo, un garage spécial est disponible à proximité de l’événement.
C’est également l’occasion de soutenir un artisanat local mais surtout plus écologique en plus de découvrir les saveurs de la région. Croûte ardennaise, Ardwen, et option végétarienne… Il n’est pas question qu’un produit traverse la France entière : une charte de restauration durable interdit de se fournir à plus de 200 km. Adieu les sodas et produits manufacturés« Il y avait beaucoup d’initiative de la part des bénévoles. »
Un festival durable, grâce aux bénévoles. Aubin, un des 2500 volontaires mobilisés, témoigne du fort attachement de ses collègues au respect des consignes environnementales « Nos responsables répétaient que c’est l’un des festivals les plus écolo d’Europe, ils nous contrôlaient souvent. » D’où la volonté de ne rien laisser au hasard. « Il y a beaucoup d'initiatives de la part des bénévoles. », explique-t-il en évoquant les déchets ramassés minutieusement après chaque concert, et l’animation des stands de sensibilisation. Le jeune homme cite également la rigueur des festivaliers, bien qu’un problème persiste « Les fumeurs ne pensent pas à prendre de cendrier portatif, je les invite à le faire » dit-il.

Encore du chemin à faire
Rien n’est parfait, et le directeur du festival, Julien Sauvage, le sait. La question de l’énergie soulève de nombreuses interrogations. Bien que les décorations lumineuses soient réutilisées, les scènes demandent en elle-même beaucoup d'électricité. Actuellement, elles sont alimentées par des groupes électrogènes. Mais d’ici 2030, Julien Sauvage ambitionne de rendre l’énergie 100 % verte. D’abord, grâce au fournisseur d’énergie Enedis qui va raccorder directement le site du festival au réseau électrique. Puis à terme, en créant l’énergie de manière autonome à l'aide de panneaux solaires.
Un projet encouragé par les visiteurs interrogés, qui demandent aussi de plus petits changements, dont la possibilité de réutiliser le bracelet cashless, changé chaque année, pour les éditions suivantes. Des efforts à suivre.
Ecolo jusqu'aux artistes ?
Macklemore, Korn, SCH… La programmation aussi riche que diversifiée a su plaire au public, mais à quel prix ? L’impact carbone de leurs déplacements n’est pas négligeable et rares sont ceux qui se montrent concernés. Shaka Ponk l’a fait. Sur la scène Zanzibar, les membres appellent le public à scander « Free Paul Watson », le fondateur de Sea Shepherd incarcéré au Groenland, tout en projetant un QR code menant directement à une pétition en faveur de sa libération. Un groupe vraiment engagé, qui a opté pour une solution radicale contre leurs empreintes écologiques : l’arrêt de leurs carrières. Remettre en question un système entier, l’objectif de l’action est là. Un moyen de protestation qui ne restera pas sans impacts pour le monde de la musique, dont le festival.
Lisa SEILER