L’Amour ouf, un film entre coup de foudre et coups-de-poing  


Retour dans les années 80 avec le film l’Amour ouf, sorti le 16 octobre 2024 dans les salles de cinéma. Avec ce troisième long-métrage, Gilles Lellouche ne se refuse rien et ose exprimer son amour pour le septième art. Entre violence, chorégraphies et amour passionné, ces deux heures et quarante minutes de film livrent une réflexion enflammée sur les relations amoureuses et sociales. 


Troisième meilleur démarrage de l’année pour un film français selon le Box-office français, l’Amour ouf a déjà séduit plus de trois millions de spectateurs. Le film retrace une histoire d’amour impossible entre deux jeunes adolescents, Clotaire (interprété par Malik Frikah) et Jackie (Mallory Wanecque), opposés par leur situation sociale. Le film se poursuit 12 ans plus tard, lorsque Clotaire (interprété par François Civil), sorti de prison, tente de reconquérir le cœur de Jackie (Adèle Exarchopoulos). 

Le cliché du coup de foudre 

Si en 2024 il est compliqué d’innover dans le domaine de l’amour au cinéma, Gilles Lellouche n’a pas hésité à sauter dans le grand bain avec l’Amour ouf. La première partie du film est touchante et authentique. L’histoire romantique entre Clotaire et Jackie, interprétée par deux jeunes talents français Malik Frikah et Mallory Wanecque, est une aventure sincère qui rappelle l’énergie de l’adolescence. Une histoire passionnée qui se ressent à travers des mises en scène généreuses, où l’on apprécie voir les deux amoureux vivre leur folle histoire à moto, sur la plage, en dansant, en sautant d’une falaise. Le choix de placer le film dans les années 80 rappelle une douce nostalgie à travers des plans qui s'enchaînent avec rythme et tendresse.

Le fond du récit reste banal, en révisant la vieille opposition entre l’Amour et la Violence, le Bien et le Mal. Toute l’histoire et sa mise en scène sont scindées entre cette dualité. D’un côté Jackie, une belle élève studieuse issue d’un milieu favorisé et de l’autre, Clotaire, un voyou déscolarisé qui a grandi dans une famille ouvrière du Nord. Le temps du récit est lui-même construit en deux temps, le spectateur suit l’aventure adolescente de Clotaire et Jackie, puis douze ans plus tard à l’âge adulte. La mise en scène est aussi travaillée avec un jeu de lumière rouge et bleu omniprésent dans le film qui rappelle aux spectateurs cette opposition. 

Mais l’Amour ouf est loin d’être une comédie romantique classique, l’usage massif de la violence pour dénoncer le système social est inattendu. 


Casser les codes par la violence

La violence se renforce tout au long du film, on commence avec une bagarre dans une cour d’école puis on termine avec des fusillades de règlements de compte. Si les nombreux recours à la violence et à la révolte peuvent paraître de plus en plus superficiels au fur et à mesure du film, Lellouche y affirme un mépris social. À travers la grève des ouvriers du Nord virés par leur patron comme de vulgaires pions d’échiquier, Gilles Lellouche propose une réflexion plus profonde sur la place des individus dans la société. Sortir du système pour exister en se révoltant, voilà la moralité de l’Amour ouf. Une rébellion marquée dès le début du film, lorsque Jackie manque les cours à l’école pour vivre son histoire à l’extérieur avec Clotaire. Une réflexion qui apporte une profondeur à la simple histoire d’amour. Le film témoigne d’une surprenante violence sanguinaire. Une des scènes les plus poignantes est celle de Jackie frappant à mainte reprise son mari, qui la force violemment à rester avec lui alors qu’elle veut rejoindre Clotaire, jusqu’à le laisser inconscient dans une cabine téléphonique souillée de sang. 




Gilles Lellouche a mélangé beaucoup de styles cinématographiques qui rendent la transition entre l’adolescence et l’âge adulte longue. Mais l’Amour ouf est un bon film, qui a su remettre au goût du jour le coup de foudre au grand écran avec une touche d’authenticité et de beauté dans le fond et la forme. La révélation éblouissante des deux jeunes acteurs, Malik Frikah et Mallory Wanecque, est très prometteuse pour l’avenir du cinéma français. 

Margaux ROUYER