
La Syrie : la complexité d’une transition politique
Quatre mois après la chute du dictateur Bachar al-Assad, la Syrie est plongée dans un emmêlement politique englobant changement, difficulté sécuritaire et espoir.
La Syrie est un pays en mutation politique depuis le renversement du régime Assad, le 8 décembre 2024 par des rebelles syriens.
Les changements gouvernementaux sont nombreux et divisent une partie de la population. Le 6 mars 2025, l’armée syrienne actuelle est prise pour cible par des partisans de l’ancien dictateur Bachar al-Assad, dans l’ouest du territoire. Cette attaque entraîne l’un des massacres les plus meurtriers depuis 14 ans.
Selon l’OSDH, (l'observatoire syrien des droits de l’homme) cette « exécution sommaire » a fait 1383 morts, notamment des alaouïtes. Cette communauté appartient à une branche de l’islam chiite. L’ancienne famille dictatoriale Al-Assad en est issue. Durant leurs 54 ans de règne, les postes les plus importants étaient réservés aux Alaouïtes. La population syrienne, elle, faisait face à un régime autoritaire répressif.
Les tueries du 7 et 8 mars sont pour beaucoup des « meurtres de vengeance » vis à vis des crimes commis par les dirigeants Al-Assad comme l’explique Ali Sheha, habitante de Baniyas, à L’Actualité. Ces agressions sont des représailles orchestrées par des soldats de la nouvelle armée et des djihadistes de groupes alliés.
Le président par intérim Ahmed al-Charaa a ouvert une commission d’enquête indépendante et déclare à FranceInfo : « nous demanderons des comptes, fermement et sans indulgence, à quiconque ayant été impliqué dans l’effusion de sang de civils, ou la violence contre notre peuple, qui outrepasse l’autorité de l’état.»
Les Syriens sont donc partagés entre sentiment d’incertitude et d’espérance. Un grand nombre d’entre eux craignent la reproduction de ces massacres.
Le docteur Omar Obeid explique à FranceInfo : « Il y a une véritable peur. Nous ne voulons plus des crimes de l’ancien régime. Des atrocités ont été commises au nom des forces de sécurité. Que je sois Druze, Alaouïte ou autre, je ne veux pas être tué simplement parce que je ne partage pas la religion majoritaire. ».
Néanmoins, la population croit aux promesses des nouvelles autorités. L'État syrien souhaite se diriger vers une transition démocratique afin d’aller vers un pays plus pacifiste qui permet l’unité nationale.
Une transition politique en marche
Le 29 janvier 2025, le président par intérim Ahmed al-Charaa prend place. Lui et son gouvernement désirent s’orienter vers un pays plus démocratique. Le 29 mars, 23 nouveaux ministres portent serment afin « d’édifier un État fort et stable ». Cette ambition passe par un plan de transition politique établie sur 5 ans.
Ce dernier a commencé par l’adoption d’une déclaration constitutionnelle, le jeudi 13 mars 2025. Ce texte garantit « un large éventail de droits et de libertés » mais aussi la « séparation strictes des pouvoirs », selon le porte parole du comité de rédaction (FranceInfo). Cet écrit défend la liberté d’opinion, la liberté d’expression et la liberté de la presse. Les droits des femmes sont également protégés puisque cette constitution affirme « leurs droits sociaux, économiques et politiques ».
Les nouveaux ministres souhaitent également faire avancer la Syrie vers une reconstruction solide. Le ministre des affaires étrangères Assaad al-Chaibani déclare la réouverture des missions diplomatiques afin assurer une « représentation honorable de la Syrie » et « des services adéquats aux citoyens syriens » (L’Orient le Jour)
Le corps politique veut aller vers une « Syrie plus intégriste ». Une femme chrétienne a été nommé ministre des Affaires social et du Travail. Dans cette même lignée, un accord a été signé entre l’État et les Kurdes afin d’intégrer cette communauté à l’État Syrien
Dans ce contexte de renouvellement politique, la Syrie doit aussi faire face à de nombreux enjeux internationaux et diplomatiques. Ce pays est pris depuis des années dans une guerre d’usure entre le Liban, Israël et le Hezbollah.
