La Nouvelle-Calédonie : une île en destruction totale
La Nouvelle-Calédonie est prise dans une tempête de dévastation sociale, économique et politique depuis les émeutes du 13 mai 2024.

La Nouvelle-Calédonie est une île française dont son chef-lieu Nouméa voit, depuis plus de 4 mois, une forme de révolte extrême. C’est un territoire d’outre-mer depuis le 24 septembre 1853. Cette île compte 270 000 habitants et se situe dans l’océan Pacifique. Elle fait face, depuis le 13 mai 2024, à une explosion de violence qui ne cesse de s’intensifier, obligeant même le Président de la République à déclarer l’état d’urgence le 15 mai 2024. Cette révolte est une réponse du Front de libération nationale des kanak et socialistes (FLNKS) au projet de loi du gouvernement français.
La gouvernement Attal voulait dégeler les listes électorales pour les élections provinciales, lesquelles n’avaient pas bougé depuis 1998 en raison de la réforme constitutionnelle de 2007. Il souhaitait donner le vote aux citoyens nés sur l’île et à ceux résidant depuis au moins 10 ans. Cela aurait permis à plus de 25 000 personnes de donner leurs avis sur ces élections.
L’approbation de ce projet de loi par le Sénat et l’Assemblée nationale
a déclenché une escalade de violence et une multiplication des manifestations. Les indépendantistes « craignent que [cette loi] ne marginalise les Kanak en diluant leur pouvoir électoral ». Cette situation divise fortement la population, notamment le FLNKS et le CCAT (cellule de coordination des actions de terrain), qui sont contre cette loi alors que les loyalistes y voient une possibilité d’évolution et d’intégration.
Une contestation au cataclysme économique
La Nouvelle-Calédonie est une île où les inégalités économiques sont profondément ancrées entre les communautés. Depuis les émeutes, c'est l’économie toute entière qui se brise. Les manifestations ont entraîné des dégâts s’élevant à 200 millions d'euros. À cela s’ajoute la destruction de plus de 150 entreprises et commerces, engendrant un chômage de masse. Isabelle, auto-entrepreneuse, explique que le monde assiste à “l’effondrement” de son pays. L’économie générale de l’île s'est affaissée de plus de 25% depuis le 13 mai 2024.

Une difficulté présente dans une population abîmée
La population calédonienne doit faire face à cette situation qui peut, à n’importe quel moment, dégénérer. Le haut-commissaire a mis en place un dispositif de sécurité, maintenu pour le moment jusqu’au 14 octobre 2024. Il instaure un couvre-feu de 22h à 5h, une interdiction de transporter des armes, une interdiction de rassemblement (sauf événement sportif), et une interdiction de vendre ou consommer de l’alcool sur la voie publique.
Cette ambiance étrange s'est fait davantage ressentir le 24 septembre 2024. Ce jour-là, les indépendantistes honoraient « le deuil du peuple kanak ».
Cette journée était placée sous haute surveillance : 6 000 policiers et gendarmes étaient en action. 2 938 personnes ont été interpellées par les forces de l’ordre. Aucune mort ne s’est ajoutée à un bilan, déjà élevé. 13 morts sont à déplorer depuis le début des manifestations.
Les îles voisines également en dangers
Les événements calédoniens touchent aussi des îles comme Wallis et Futuna.
Elles sont impactées au niveau aérien ; une seule liaison par jour est possible avec la Nouvelle-Calédonie. Cela provoque des perturbations dans le transport de passagers et rend les évacuations sanitaires encore plus difficiles, obligeant parfois à dévier vers la Polynésie Française, voire l’Hexagone.
Le commerce aérien est tout autant chamboulé : 800 kg de marchandises sont restées bloqués à Nouméa, entraînant un retard de livraison d’un mois et demi. La population doit faire face aux risques liés au manque de nourriture et de produits sanitaires.
L’éducation est également touchée ; des enfants scolarisés à Nouméa ont dû être rapatriés sur leur île, les obligeant à travailler à distance malgré les difficultés informatiques.
Une résolution au cœur de la politique
Dans le but de trouver une solution durable, une réunion aura lieu en novembre entre le Président de la République et les différents élus calédoniens à l’Elysée.
Gwenaëlle METZ