La 60ème édition de la biennale de Venise : au-delà des frontières
C’est le rendez-vous biannuel à ne pas rater pour les amateurs d'art. Du 20 avril au 24 novembre 2024, la ville italienne se transforme en exposition géante en accueillant des œuvres du monde entier sur le thème « Foreigners Everywhere ».

Andrzej Wróblewski, Wedding photograph (married couple with a bouquet), 1949 [Photo : Lisa SEILER]
Venise, ville des amoureux, mais aussi celle des arts. Pendant sept mois, entre peinture, théâtre et musique, la Cité des Masques honore sa réputation de musée à ciel ouvert en accueillant des expositions en tous genres. Les vrais lieux stars de l’évènement sont Les Giardini et l’Arsenale qui hébergent la plupart des pavillons respectifs de chaque pays. Accessible à l’aide de tickets, les visiteurs y découvrent des œuvres qui font écho à l’histoire des nations et de leurs minorités. Mais il suffit de s’éloigner de la place Saint-Marc et s’aventurer dans les ruelles étroites de la ville pour accéder à plusieurs dizaines d’expositions officielles gratuites. L’occasion pour des artistes méconnus du grand public de toucher des visiteurs non-initiés venant des quatre coins du monde.
L’art comme arme politique
A chaque édition, le thème interroge sur une nouvelle question de société.
Cette année, le sujet de l’évènement émet une réflexion sur l’immigration dans le monde : « Stranieri Ovunque - Foreigners Everywhere » ou « Étrangers partout » en français. Les artistes réfugiés, déplacés, ou autochtones persécutés dans leur propre pays, sont à l’honneur.

Andrzej Wróblewski, boy with a sculpture, 1955 et
[boy against a white background] non datée [Photo : Lisa SEILER]
Des expositions engagées
L’exposition « Kith and Kin » réalisée par Archie Moore au pavillon australien a été récompensée par le Lion d’or, la plus haute distinction de la Biennale. L’artiste aborigène a cartographié son héritage sur 65 000 années à l’aide d’un gigantesque arbre généalogique. Une réalisation accompagnée par une installation blanche couverte de documents gouvernementaux à propos des premiers peuples morts en détention policière. Un bel hommage aux victimes.
Shahzia Sikander, Promiscuous Intimacies, 2020
[Photo : Lisa SEILER]
Souvent oubliées, les expositions gratuites disposent d’autant d'atouts que les autres. C’est le cas entre autres de « In the First Person » de l’artiste polonais Andrzej Wróblewski qui remémore l’horreur de l’après-guerre, ou « Collective Behavior » de Shahzia Sikander qui évoque, à travers la peinture, la sculpture ou la vidéo, l’histoire de l’Asie du Sud et de la femme dans cette partie du monde. Entre deux bâtiments à l'architecture gothique vénitienne, les touristes de passage se trouvent plongés dans un monde multiculturel qui les pousse à voir au-delà de la ville en elle-même : c’est la magie même de la Biennale.