Gautier Dardenne, secrétaire de l’UNEF : “La précarité étudiante, ce n’est pas juste la précarité économique.”
Chaque année, les membres de l’UNEF Lorraine s’engagent et viennent en aide à de nombreux étudiants en situation de précarité. Avec le coût de la vie qui augmente, ce syndicat met en place des initiatives comme les collectes organisées le 25 novembre et le 2 décembre dernier.

Syndicat des étudiants de Lorraine, l’UNEF dresse chaque année un constat, l’augmentation de la vie pour les étudiants. Aujourd’hui, “un étudiant sur deux a déjà sauté un repas et tout autant craignent de tomber dans la précarité” constate l’IFOP et l’association d’aide alimentaire COP1. Gautier Dardenne, secrétaire général de l’UNEF Lorraine, s’est exprimé sur la question de la précarité étudiante. Membre depuis maintenant un an, Gautier Dardenne s’est immédiatement senti concerné par les missions que se donne l’UNEF, défendre les étudiants et revendiquer des solutions pour ces derniers. Ayant lui-même jonglé entre trois boulots l’année dernière, il a été confronté à cette réalité.
Selon un sondage réalisé par l’institut IFOP et l’association d’aide alimentaire COP1 début septembre, un étudiant sur deux a déjà sauté un repas et tout autant craignent de tomber dans la précarité, que répondez-vous à ce constat ?
G.D : Je confirme ce que dit l’IFOP, un étudiant sur deux saute un repas dans la journée, il prend un repas sur trois alors que le ministre de la Santé en demande trois. La santé, c'est le gouvernement qui doit l’appliquer entre ses citoyens et citoyennes. La précarité est immense. Nous avons réalisé une étude au sein de l’UNEF Lorraine appelée “panier social” avec plusieurs facteurs. Il y a une augmentation de 594,76 euros du coût de la vie d’un étudiant, dont 14 % supplémentaires pour le loyer, représentant 70 % des dépenses d’un étudiant.
Pour répondre à cette problématique, qu’est-ce que demande votre syndicat ?
G.D : En tant que syndicat étudiant, nous revendiquons une augmentation des bourses. Nous souhaitons mettre en place une allocation universelle d’autonomie étudiante de 1200 euros par mois. À disposition de tous et toutes permettant une émancipation envers les parents, mais aussi pour mieux vivre. 1200 euros, on peut trouver ça énorme, en réalité, c’est le seuil de pauvreté en France. Il y a plusieurs moyens de financements. On peut trouver de l’argent pour les étudiants et étudiants, il y en a.
Avec votre syndicat, vous avez organisé une récolte alimentaire ce samedi, combien avez-vous réuni en termes de fonds ?
G.D : Beaucoup de personnes ont donné sans distinction entre les catégories sociales. Nous avions autant de personnes âgées que de personnes en emploi, ou de personnes touchées eux-mêmes par la précarité. C’est bien connu, ceux qui en ont le moins, donnent le plus. On est à une centaine de sacs avec 1500 euros de produits alimentaires comme hygiéniques. Nous espérons pouvoir les redistribuer sur l’ensemble des sites de l’Université de Lorraine et venir en aide aux personnes menstruées qui ne peuvent s’acheter des serviettes hygiéniques pour se protéger convenablement.
Les choses tendent-elles à évoluer pour la précarité menstruelle des étudiants et étudiantes ?
G.D : On a eu des victoires au sein de l’UNEF Lorraine. On a réussi à mettre en place des tampons hygiéniques gratuits dans les résidences du CROUS, mais encore une fois, la situation n’est pas équitable, car certaines résidences n’en sont pas équipées.
La précarité est immense, vous l’avez précisé plus tôt. Un autre élément est à prendre en compte pour ces derniers temps, la dépression hivernale. Quels conseils donnez-vous aux étudiants pour mieux surmonter cette période de l’année ?
G.D : Aujourd’hui, 1 étudiant sur 3 travaille. Ces chiffres me peinent profondément. Quand on parle d’une égalité des chances, pour moi, elle n’existe pas. La charge mentale n’était pas la même. Cette réalité, c’est celle que vive 1 étudiant sur 3. Je n’ai pas de conseils spécifiques à donner si ce n’est, se battre et faire pression, faire entendre leur voix en rejoignant un syndicat. Puis, prenons l’Université de Lorraine, avec la faculté de lettres qui compte 15 à 20 milles étudiants, pour surmonter une détresse psychologique, sans parler de la détresse écologique, il y a seulement une psychologue. Ce n’est pas assez ! Cela résulte à deux à trois mois d’attente malgré les cas graves. En cas de détresse psychologique, on n’a pas deux à trois mois devant nous. Alors, cela passe par un recrutement de personnel mieux formés. Après, en cas de problèmes, on peut vous aider. Pour cela, il faut nous contacter et on vous fera passer un entretien puis une rencontre avec une assistante sociale, elles aussi trop peu nombreuses. Mon amie a par exemple obtenu grâce à cela des tickets à utiliser dans des supermarchés pour se nourrir. Mais même ainsi, les solutions restent trop peu présentes. En tant qu’étudiant, j’aimerais que le gouvernement prenne sa part de responsabilité.
Pensez-vous que les étudiants sont suffisamment au courant des aides dont ils peuvent bénéficier au cours de leur scolarité ?
G.D : Un souci se pose. Déjà, il y a plusieurs milliards d’aides non utilisées. Au sein de l’UNEF Lorraine, on organise des séances informatives sur les droits des étudiants, mais parfois ces derniers n’ont pas le temps. Beaucoup d'étudiants ne sont pas informés de toutes les aides auxquelles ils sont éligibles, mais on fait du mieux qu’on peut. On manque de bras, on manque de personnes, mais si on était plus, on arriverait à mieux informer. Mais on le fait, et on continuera à le faire autant que nécessaire pour éviter cela.
Pensez-vous que les droits des étudiants ont évolué ces 10 dernières années, le constat est-il positif ou reste-t-il un long chemin à faire ?
Le changement le plus flagrant est la pauvreté et la détresse. Les droits sont là, mais pas suffisants, on régresse dans tous les domaines, de la santé à la sécurité. Moi, j'ai des amis, qui vont en cours normalement, mais qui le soir dorment sur un parking, et ça ce n’est pas normal. Nous l’UNEF, on est là pour changer ça et on continuera de le faire !
Clara BAUDART