Entre végétalisation et renouveau, le jardin éphémère fête sa 20ème édition
Du 29 septembre au 5 novembre, vous pouvez retrouver le jardin éphémère sur la place Stanislas. Cette 20ème édition célèbre “l’effet de l’air” tout en prônant des valeurs écologiques sous le signe de l’UNESCO.

[Photo : Léane GEUSA]
La visite guidée est orchestrée par les dirigeants de l’Écologie et de la nature de la ville de Nancy : Pierre Didier Jean et Stéphane Harter. A travers cette balade, ces derniers nous partagent leur expertise et leurs connaissances sur les plantes et la confection du jardin. Situé sur la Place Stanislas, inscrite au patrimoine de l'Unesco, le jardin éphémère vous donne rendez-vous tous les ans depuis 2003. Cette édition célèbre l’air, mais ce n’est pas tout, c’est également l’occasion de mettre en lumière les différentes villes jumelles de Nancy telles que Kanazawa et Karlsruhe dans certaines des douze scènes végétales.
Sens et connaissances
Le fait de choisir la place Stanislas comme lieu d’accueil du jardin a une symbolique. En effet, cette place est considérée comme l’agora des Nancéiens, c’est le lieu phare de diverses manifestations, qu'elles soient revendicatrices ou festives. Encore une fois, le fait d’accueillir un jardin sur un espace qui est d’habitude dépourvu de toute forme de végétation, est évocateur. Il permet de mettre en évidence l’importance de la nature et des espèces végétales dans nos vies. Les concepteurs ont donc une volonté d’éveiller les sens et la conscience des individus en liant le tout à la cause écologique. Non seulement, le jardin invite à vivre une expérience botanique mais il intègre également d’autres propositions culturelles telles que deux expositions avec un total de 24 œuvres.
Une autre spécificité, qui fait du jardin éphémère un éden, est la présence d’arbres dont les molécules phytoncides (1) agissent sur l’humain de manière à le détendre. De plus, la scénographie a été spécifiquement conçue afin de raconter des « histoires sonores » pour immerger le public et développer sa sensibilité à la nature. Les sons que l’on peut percevoir sont des enchaînements harmonieux de gouttes d’eau sur le verre de Meisenthal (2) ainsi que des chants d’oiseaux et le coassement de grenouilles. Cette ambiance sonore et esthétique que représente le jardin va permettre au public de se rendre compte de l’importance de la nature sur leur bien-être.
Le partage est le but principal de cette installation annuelle. La mise en contact de la sensibilité et de la connaissance va permettre d’aboutir à « un appétit de nature », c’est-à-dire une volonté de reconnaître la puissance de la nature et de ses espèces. Le jardin éphémère peut également inspirer ses hôtes par ses nombreuses combinaisons florales aux quatre coins du jardin.
Les matériaux sont soigneusement choisis, l’un d’eux est le bois. Cette matière a un effet sur l’humain, c’est pour cela que l’on est invités à le toucher lors de notre visite au jardin. Selon Stéphane Harter, son contact nous reconnecte avec la nature. Du côté des espèces florales, la sauge est largement présentée avec plus de vingt variétés différentes. Mais pour Pierre Didier Jean, la sauge greggii est celle qui est la plus impressionnante, elle ne nécessite pas d’arrosage sur toute la durée de l’installation du jardin éphémère. Elle est très écologique car une économie d’eau est opérée.

[Photo : Léane GEUSA]
Entre contribution locale et redistribution des matières
Le jardin éphémère contraste avec l’effet de renouveau qu’on peut retrouver chaque année en valorisant l’action du zéro déchet. Cela passe par toutes les plantes jusqu’aux matériaux. Celles-ci sont destinées à être plantées dans les écoles nancéiennes. Le gazon sera repris par le musée urbain de Nancy et les matériaux pourront être réutilisés. D’année en année, matières et structures sont réemployées, c’est le cas des bassins d’eau et des fontaines.
En plus de prôner l'idée de réutilisation, les entreprises locales sont sollicitées et représentées. En premier lieu, tout le bois provient de la région. Puis en second lieu, les assiettes en verre bleue que vous pouvez retrouver dans le jardin proviennent de Meisenthal, une commune de Moselle.
En plus des entreprises locales, le jardin mobilise la jeunesse Nancéienne en impliquant douze étudiants de l’école d’architecture afin d’aider à la confection du pavillon en bois que l’on peut retrouver à l’entrée nord de celui-ci. Tout est recyclé, pour réaliser cet édifice, ils ont déconstruit des structures précédemment utilisées afin de leur donner une seconde vie.
Une association d’arts engagés
Cet événement annuel met également à l’honneur deux artistes tels que Jacques Henri Lartigue, un photographe, puis un architecte/dessinateur utopiste, Luc Schuiten.
Luc Schuiten imagine le monde de demain avec des structures végétalisées qui ne nuisent pas aux ressources de la planète. Dans ses œuvres nous pouvons observer des cités vertes aux allures saines et futuristes sous des formes originales mêlant technologie et originalité.
(1) Composés organiques volatils biogéniques (COVB), sont des substances chimiques naturelles produites par les arbres. Source : https://noe.org/pourquoi-la-foret-nous-fait-du-bien
(2) verre fabriqué dans les Vosges
Emily-Rose GAERING & Clara JANSSEN