
Des centaines de Nancéiens réclament justice après l’arrestation de la Freedom Flotilla
Les Nancéiens se sont rassemblées lundi 9 juin à 18h sur la place Stanislas à Nancy, pour dénoncer l’interception de l‘équipage du navire humanitaire Freedom Flotilla par les forces israéliennes. Une manifestation qui découle d’une mobilisation nationale, s’inscrivant dans un contexte mondial tendu autour de la question palestinienne.
Photographie de De Schryder teja Lola. Manifestation devant l’Hôtel de Ville de Nancy en soutien à Gaza et à la flottille de la liberté le 9 juin 2025.
Lundi 9 juin, les couleurs de la Palestine flottaient dans les rues de Nancy, portés par des centaines de manifestants venus exprimer leur soutien face à l'interception de la Freedom Flotilla. Pour beaucoup, être présent relevait d’un devoir moral. Se taire étant, pour eux, synonyme de complicité : « Israël assassin, Macron complice » résonnait dans les rues de la ville.
Nancy s’organise pour Gaza
Sur l’emblématique place de Nancy, plusieurs collectifs ont répondus à l’appel de mobilisation de La France Insoumise. Parmi eux : l’AFPS (association France Palestine Solidarité), Europe Écologie les Verts, ou encore l’UNEF Lorraine. Leur objectif commun : dénoncer l’arrestation du navire Madleen, et exiger la levée du blocus imposé par Israël. « 300 personnes étaient attendues , visiblement nous sommes beaucoup plus, la place est remplie » constate une militante de l’AFPS. Des pancartes aux revendications explicitent « Israël-Palestine : pour un cessez-le-feu immédiat », « Free Rima Hassan » appuie les discours des militants. Parmi les chants repris en écho par la foule : « nous sommes tous des enfants de Gaza ».
En français, en arabe… des messages de paix font vibrer le rassemblement. Un drapeau palestinien est érigé sur la mairie, sous les encouragements des passants. Une manifestante confie : « Cette action me fait du bien au moral, avec tout ce que l’on voit dans les médias, un peu de solidarité ne fait pas de mal ».
Gaza, Gaza, Nancy est avec toi !
La gauche nancéienne fait front commun
Des Insoumis aux communistes, en passant par les socialistes et les écologistes, les collectifs martèlent un message commun. Le Parti Communiste Français ouvre le bal et dénonce une « incohérence diplomatique », illustrée par un discours du ministre des Affaires étrangères condamnant Vladimir Poutine. L’un de ses porte-parole interpelle la foule :« Vous savez de qui il parlait ? De Poutine et de l’Ukraine. Imaginez maintenant ce même niveau d’indignation appliqué à la Palestine. Pourquoi tant de choses à dire contre Moscou et cette retenue contre Tel-Aviv ? Nos principes ne doivent-ils pas s’appliquer partout où le droit et la dignité humaine sont bafoués ? »

Photographie de De Schryder teja Lola. Manifestation devant l’Hôtel de Ville de Nancy en soutien à Gaza et à la flottille de la liberté le 9 juin 2025.
« Piraterie », c’est le mot utilisé par plusieurs collectifs pour qualifier l’interception du navire Madleen. Ils rappellent qu’elle s’est produite « en dehors des eaux territoriales, dans un mépris total des lois maritimes ». Le sort des 12 activistes détenus, dont 6 Français, inquiète vivement. Un représentant de LFI accuse l’exécutif :« Le gouvernement est même incapable aujourd’hui de protéger ses propres ressortissants. Il les laisse entre les griffes de l’armée israélienne. Et l’armée israélienne est celle d’un État poursuivi devant la Cour Internationale de Justice pour génocide. »
Les intervenants ont exigé des mesures immédiates de la part d’Emmanuel Macron, un cessez-le-feu, une reconnaissance de l’État de Palestine, et la suspension de l’accord UE-Israël. Au niveau local, LFI a interpellé la mairie de Nancy, exigeant la suspension du jumelage avec la ville israélienne de Kiryat Shmona, autrefois le village palestinien nommé Al-Khalisa.
Pour l’AFPS, qui œuvre depuis 1980, la mobilisation massive est un réconfort qui n'efface pas l'exaspération.« C'est cette lâcheté innommable qui nous frappe tous », a lancé une des militantes. « En tant que civils, que militants, on est aussi anéantis par cette inertie, cette putréfaction de certains États qui se disent démocratiques. Il faut que la société civile continue d'agir, de se réveiller encore plus. »
Selon les militants, il existe un contraste entre la dignité des humanitaires qui « risquent leur vie et leur liberté » et « l’indignité » d’un pouvoir politique jugé silencieux. Le rassemblement s’est conclu par un cri repris par la foule: « Gaza, Gaza, Nancy est avec toi ! ».
La Freedom Flotilla, un navire devenu symbole humanitaire
La Freedom Flotilla coalition est une initiative internationale regroupant 12 militants pro-Palestine. Parmi eux : la militante Greta Thunberg, l’eurodéputé française Rima Hassan, les journalistes français, Yanis Mhadi (Blast) et Omar Faiad (Al jazeera), l’informaticien Pascal Maurieras, Baptiste André, médecin, ainsi que Yasmine Acar, militante des droits humains. On compte également 5 autres militants de différents pays. Tous naviguent à bord d’un bateau, baptisé « Madleen », en hommage à la dernière femme pêcheuse de Gaza encore active, symbole de résistance face au blocus maritime imposé par Israël.
L’action de l'équipage avait pour but de briser le blocus formé par Israël à la bande de Gaza et d’y acheminer des aides vitales : de la nourriture, des serviettes hygiéniques, des médicaments, nécessaires à la survie des Palestiniens. Aucun armement n'était à bord du Madleen, l’action se voulant strictement non-violente.
Le bateau a été intercepté en eaux internationales dans la nuit du 8 au 9 juin dans les alentours de 3h02, heure locale. Une cargaison confisquée, des militants arrêtés, puis emmenés à Tel Aviv dans la prison de Givon, pour avoir voulu franchir symboliquement la « ligne rouge » du blocus israélien. Depuis, certains militants dont Rima Hassan et Greta Thunderg ont été relâchés ou expulsés vers leurs pays respectifs, sous pression diplomatique et grâce à la mobilisation internationale. Toutefois, plusieurs membres de l’équipage ont rapporté avoir été contraints de signer des documents reconnaissant leur entrée illégale en Israël, bien que l’interception ait eu lieu en eaux internationales. Certains se trouvent encore sous le coup de restrictions de déplacement comme le journaliste Yanis Mhamdi, selon la coalition Freedom Flotilla et l’ONG Adalah.
De locales à internationales : des réactions en masses
Cet événement a suscité une vague d’indignations à travers le monde. En ciblant un convoi civil, présenté comme pacifique et strictement humanitaire, Israël relance un vieux débat : celui de la légalité et de la légitimité du blocus imposé à Gaza depuis 2007. Dans les heures qui ont suivi l'arrestation, les ONG, les partis politiques, les élus locaux et les instances internationales ont dénoncé une violation du droit maritime, relevant une nouvelle entrave à l’aide humanitaire. Amnesty International a qualifié l’arrestation d’ « injustifiable », tandis que plusieurs députés européens exigent des explications sur la conformité de l’intervention.
Ce n’est pas la première fois qu’une telle opération a lieu. En 2010, le Mavi Marmara, autre navire de la flottille, avait été pris d’assaut par les armées israélienne. Quinze ans plus tard, les réactions sont tout aussi vives. Pour beaucoup, cette arrestation sonne comme un rappel brutal de l’isolement de Gaza.

Photographie de De Schryder teja Lola. Manifestation devant l’Hôtel de Ville de Nancy en soutien à Gaza et à la flottille de la liberté le 9 juin 2025.