Coupe du Monde 2030 : un centenaire qui pose question

La décision était attendue, et le résultat est sans appel : la Coupe du Monde de football 2030 va se dérouler dans 6 pays et 3 continents. Malgré la fête prévue autour des 100 ans anniversaire, l’attribution de cette compétition a soulevé de vives réactions, notamment avec cette décision qui semble à l'opposé des contraintes sociales et environnementales qui dictent notre monde à l’heure d’aujourd’hui.

100 ans d’histoire
L’Uruguay est le pays vainqueur de la première Coupe du Monde de football en 1930. Depuis cette date, bon nombre de faits d’anthologie ont marqué l’histoire de la compétition : les trois victoires de Pelé avec le Brésil (1958-1962-1970), la « Main de Dieu » de Maradona avec l’Argentine en 1986 ou moins heureux, le coup de boule de Zidane envers Materazzi lors de la finale de 2006. En 22 éditions, on dénombre 8 pays champions, dont 5 victoires du Brésil, un record.

Des préoccupations différentes de la FIFA

Malheureusement, les attributions des dernières Coupes du Monde soulèvent des interrogations. Les éditions de 2018 (Russie) et de 2022 (Qatar) en sont le symbole. Entre soupçons de corruption de la FIFA (Fédération Internationale de Football Association) lorsque Blatter était à sa tête, et perte d’identité footballistique des pays hôtes, les fans et acteurs du ballon rond semblent perdus. Et l’édition 2030 ne semble pas déroger à la règle. Le choix de 6 pays à l’occasion du centenaire entraîne un plus grand profit, avec le coût des transports et des logements pour les fans, ainsi que davantage de revenus commerciaux auprès des compagnies aériennes, des hôtels et des droits télévisés. La question de l’argent semble primée.

Une crise environnementale

Sans parler du problème écologique que cela pose. Un début de compétition en Uruguay, en Argentine et au Paraguay, avant de se poursuivre à la fois en Espagne, au Portugal et au Maroc. Six pays pour 1 mois de compétition. Certes, seulement les 3 premiers matchs auront lieu en Amérique du Sud, mais cette organisation a pour conséquence que chaque équipe parcourt des milliers de kilomètres. Avec 3 continents au rendez-vous, l’aspect économique semble une fois de plus prendre le pas sur le combat environnemental que mène la planète en 2023.

Des voix qui s’élèvent

Cette attribution n’a pas manqué de faire réagir les acteurs du monde du football. Didier Deschamps, sélectionneur des Bleus, pointe du doigt le problème du format vis-à-vis du monde actuel en déclarant que « sur le plan sportif et de l’éthique, on n’y est pas trop ». L'entraîneur du RB Leipzig, Marco Rose, va plus loin et ironise en estimant que « bientôt […] nous jouerons sur l’Everest parce que nous pourrons y créer un terrain de jeu et le commercialiser ».

Bien que Gianni Infantino, président de la FIFA, clame que cette Coupe du Monde intercontinentale est « un message de paix », le monde du football ne semble pas en accord avec lui. La rentabilité d’un événement colossal semble primordiale sur les conditions écologiques, éthiques et sportives. La Coupe du Monde au Qatar et ses catastrophes ne semblent pas avoir servi de leçon.

.

Yohan BOURRELIER